Appelez: Nous écoutons - Demandez: Nous répondons - Déclarez: Nous agissons
Intoxication par le Charbon à glu : Addad

Entre 2009 et 2018, le CAPM a reçu 98 cas d’intoxications par chardon à glu. Parmi eux, 41,8% étaient des enfants. Le décès a été observé chez 13 patients, ce qui correspond à un taux de létalité de 13,26 % avec une forte prédominance chez l’enfant (92,3 %). Le chardon à glu ou Atractylis gummifera L. ayant plusieurs noms vernaculaires (addad, ddad, chouk el alk, ahfyun) est une plante typiquement nord-africaine, mais aussi de tout le pourtour méditerranéen. Elle est responsable d’intoxications généralement accidentelles, souvent collectives, touchant plusieurs enfants d’une même famille vivant en général à la campagne et qui prennent la substance blanchâtre sécrétée par la plante pour un chewing-gum ou qui confondent le chardon à glu avec l’artichaut sauvage. La toxicité de la plante est liée essentiellement à la présence de deux substances, l’atractyloside et le carboxyatractyloside qui sont capables d’inhiber la phosphorylation oxydative mitochondriale et le cycle de Krebs [1]. Les cellules les plus vulnérables étant celles du foie, du rein, du pancréas et du myocarde [3]. L’ingestion du toxique se caractérise par une phase de latence, variable de 6 à 24 h voire même 36 h, ce qui retarde la prise en charge du patient. Dans les 24 heures suivant l’ingestion s’installent des tableaux cliniques variables faits de troubles digestifs (douleurs abdominales, vomissements itératifs, diarrhées avec selles noirâtres et fétides), signes généraux (céphalées, vertiges, hypothermie initiale et soif intense), troubles neurologiques avec coma d’installation rapide et profond, signes hématologiques (purpura et hémorragies digestives, bronchiques, pulmonaires et urinaires). Dans les cas les plus graves, s’ajoutent des complications respiratoires, cardiovasculaires et hépato-rénales [2]. L’évolution est le plus souvent mortelle. Le traitement reste symptomatique avec une surveillance de 2 jours pour les cas asymptomatiques. Le CAPM recommande d’intégrer la sensibilisation, l’information et l’éducation des enfants dans les régions endémiques au niveau du programme scolaire ce qui permettrait de diminuer les risques d’intoxication.

1- Larrey D. Plantes médicinales : Intérêt thérapeutique et risque d’hépatotoxicité. Encycl Méd Chir 2001. Elsevier. Paris

2- Chardon G, Viala A, Vignais P, Stanislas E. L’intoxication par le chardon à glu, Atractylis gummifera L.: Essai de traitement du chien intoxiqué par un extrait [poisoning due to the birdlime thistle, atractylis gummifera L. attempt at treatment of the dog poisoned by an extract]. Therapie 1964;19:1313–1322.

3- Stewart MJ, et Steenkamp V. The biochemistry and toxicity of atractyloside: a review. Ther Drug Monit 2000; 22(6) : 641-649